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Libération
Éditorial

Acte politique

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publié le 19 juin 2007 à 8h24

Ségolène Royal veut conduire la rénovation, elle peaufine déjà une révolution, celle de nos moeurs politico-médiatiques. Certes, la vie privée n'a pas fait irruption dimanche soir dans le débat public. Avec Mazarine, François Mitterrand a remis en cause l'étanchéité de la frontière entre ces deux univers et enseigné qu'il peut être légitime de dévoiler ce qui se passe dans l'intimité lorsque cela influe sur le cours des affaires de l'Etat. Michel Rocard fut le premier responsable de haut rang à médiatiser son divorce. Sur un mode bien différent, les allers et retours de Cécilia et les états d'âme de Nicolas ont beaucoup fait pour la cause du «people». Le couple Royal-Hollande n'a rien à voir avec ces cas de figure. S'il a chamboulé une certaine conception de la politique, c'est que ce tandem était inédit : auparavant, jamais deux conjoints n'avaient été, en même temps, des leaders de premier plan, lancés, tous deux, à l'assaut du pouvoir. Leur ascension fut commune, chacun s'effaçant devant celui qui apparaissait, pour un temps, le mieux placé. Ambitions légitimes et choix intimes se mêlant, les voilà rivaux au grand jour avec l'espoir d'obtenir la garde du PS. La rumeur de leurs difficultés n'était pas une information, l'annonce de leur séparation est un acte qui comporte une dimension politique. Difficile de ne pas relire le passé récent et de ne pas anticiper le futur proche sans en tenir compte. Son ex-compagnon s'y refusait, Ségolène Royal, elle, n'a jamais craint de me