Le service minimum est pour la gauche un piège redoutable. Il s'agit d'un de ces marqueurs idéologiques qui, avec la «valeur travail» ou «le retour de l'autorité», ont fait le récent bonheur électoral de Nicolas Sarkozy. Le bon sens contre les grands principes, le pragmatisme contre le dogmatisme, tels sont les outils dont le chef de l'Etat entend se servir pour faire avaler sa réforme. Difficile, au premier abord, de s'opposer à la nécessité de prévenir de son intention de faire grève ou de refuser d'organiser un vote à bulletins secrets pour prolonger une grève au-delà de huit jours. Le long travail sur les valeurs mené par la droite a fait mûrir le sujet. Au moment de porter l'estocade, le Président dispose de nombreux atouts : des sondages qu'il consulte à satiété et qui lui répètent que, sur ce dossier aussi, il a l'opinion avec lui, une gauche aphone qui a tôt fait de se caricaturer, et l'inertie d'un prédécesseur qui avait promis le service minimum en 2002 mais n'a jamais osé passer à l'acte. Pour s'opposer efficacement, les socialistes vont devoir se montrer subtils. Lourd défi. Il leur faut démasquer le faux nez du bon sens pour dévoiler le véritable dessein sarkozien : le service minimum, qui existe quasiment dans les faits, est d'abord un slogan destiné à entretenir la flamme du bon peuple de la droite dite «décomplexée». Le reflux subi par l'UMP au second tour des législatives a montré que les Français demeurent attachés à un certain équilibre des pouvoirs
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