Londres envoyé spécial
Cela aurait pu s'intituler «Journée portes ouvertes chez les Blair». Une grande maison blanche où l'on reçoit à toute heure, dans la petite ville de Sedgefield, au nord-est de l'Angleterre. Dans la cuisine, les beaux-parents racontent comment Tony et Cherie forment un couple «uni et fantastique», et expliquent que «tout a commencé ici», dans cette circonscription où il a été élu député en 1983. Nous sommes au printemps 1997, Tony Blair n'est pas encore au 10, Downing Street, mais il a choisi le cadre familial pour apporter une touche ultime à l'opération de charme entamée depuis de longs mois. Ses proches reçoivent les journalistes à la queue leu leu et font visiter les lieux, pièce par pièce. Histoire de peaufiner l'image du politicien moderne et sans tabou, qui n'a rien à cacher.
Une semaine plus tard, la Grande-Bretagne frissonne. Déchiré par Thatcher, endormi par Major, le pays a élu, le 2 mai 1997, le Premier ministre travailliste de tous les superlatifs. A 43 ans, Tony Blair est le leader britannique le plus jeune depuis 1812. On le compare à JFK, on lui promet un avenir digne de Churchill. Blair, de surcroît, a le physique de son avenir tout tracé : beau et fringant, yeux clairs et sourire mi-narquois mi-enjôleur, qu'il emploie toujours à bon escient. Emotion. Très vite, il saura trouver les mots justes pour exprimer l'émotion de tout un peuple à la suite de la mort de la princesse Diana (août 1997). Son premier coup de force politi