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Libération
Éditorial

Emploi fictif

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publié le 3 juillet 2007 à 8h39

François Fillon existe. Il serait même doué de parole et envisage de le faire savoir cet après-midi au Palais-Bourbon. Andy Warhol promettait à chacun un quart d'heure de célébrité, le chef du gouvernement aura droit à trois bons quarts d'heure. De quoi se plaint-il ? D'ailleurs, il ne se plaint pas. Le plus curieux avec l'étrange couple exécutif qui s'est mis en place depuis quelques semaines réside sans doute dans la façon dont le dominé a théorisé sa propre disparition. Sans rechigner, sans broncher,sans protester. François Fillon aime l'ombre ? Avec Sarkozy, le voilà servi !

Coincé entre deux déplacements et trois interventions d'un Président qui continue d'aligner les meetings, le numéro prévu aujourd'hui à l'Assemblée ne doit pas faire illusion. Le comédien loge à Matignon, mais la partition a été écrite sous la dictée de l'Elysée, la mise en scène concoctée au même endroit, et toute forme d'improvisation est bannie. Que le chef du gouvernement aille trop loin sur le chemin de la rigueur budgétaire pour canaliser le souffle réformiste sarkozyen et il risquerait de se retrouver cloué au pilori de la «pensée unique».

Certes, l'omnipotence élyséenne n'est pas inédite. C'est plutôt la présidence évanescente de Jacques Chirac qui fait figure d'anomalie. Et François Fillon retrouvera l'utilité d'un paratonnerre le jour où un trop-plein de nuages s'accumuleront sur l'Elysée. L'exécutif prétend faire de la fonction de Premier ministre un mixte entre celle d'un directeur de cabin