Nul ne peut se satisfaire de voir un ancien chef de l'Etat entendu par la justice. Même s'il a fait l'objet d'une mise en scène sobre, l'épisode historique d'hier a quelque chose de traumatisant pour quiconque demeure attaché à une certaine idée de la République. Au premier abord, il ternit le prestige de la fonction présidentielle et fournit aux citoyens des raisons supplémentaires de douter de la probité de leurs représentants. Il faut pourtant avoir le courage de s'en réjouir. Et espérer qu'il ne s'agissait que de la première convocation d'une longue série tant sont nombreuses les casseroles qui décorent la cuisine du retraité Chirac.
Présumé innocent, même si la formule peut faire sourire au vu des soupçons accumulés au-dessus de sa tête, voilà donc le citoyen Chirac rattrapé par les agissements du politique. C'est heureux. Rien ne fut pire pour la décrépitude de l'esprit public que cette impunité déguisée en immunité que le clan des chiraquiens s'est employée à bricoler pendant des années autour d'un chef claquemuré à l'Elysée. A voir les nouvelles accusations de Jean-Louis Gergorin dans l'affaire Clearstream coïncider avec l'audition de l'ancien maire de Paris dans celle des emplois fictifs, on mesure à quel point la démocratie a besoin de transparence pour être respectable. Et respectée. Il y a quelque chose de pathétique à entendre l'ex-chef de l'Etat se réfugier derrière les «tâtonnements» de la loi sur le financement des partis politiques quand la formule «nul n'est