Gourette
envoyé spécial
Il y a un sentiment étrange devant le bar Chez Bubu, dans la montée de l'Aubisque, à 6 km de l'arrivée. Les supporters sont massés devant un écran géant. Il fait beau. Les coureurs passent. Les premiers se donnent à mort. Il y a de la souffrance, un frisson, forcément : même s'ils sont shootés, ils en bavent. C'est à la fois impressionnant et indécent. Il n'y a qu'à voir la différence de rythme avec les largués pour se poser des questions. C'est la fin de l'étape de la mort, avec quatre cols superbes et durs. Le fantôme du Tour plane. Le public crie. Ambiance de corrida. Comme des encouragements à un toro qui ne veut pas mourir. Puis, sur l'écran, Rasmussen attaque. Sifflets des supporters espagnols, qui en pincent pour Contador, lâché. Mais pas seulement. C'est un mouvement d'humeur. «Ouououhhh !» «Rasmussen à la maison !» «Voyou !» Quand le Danois gagne l'étape, la moitié conspue, l'autre applaudit. «Oui, c'est vrai, j'ai été hué pendant l'étape, dira le maillot jaune. Je crois qu'il y a beaucoup de frustration dans le public et dans le peloton, notamment après ce qui s'est passé avec Vinokourov. Cette frustration s'est reportée sur moi. Je comprends maintenant ce qu'Armstrong a vécu pendant sept ans, et mon respect pour lui grandit de jour en jour.» Mais dans la soirée, le maillot jaune danois était limogé par son équipe, la Rabobank et se retirait du Tour. Le «leader» du classement général aurait menti à son équipe sur