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Libération
Éditorial

Droits de la Terre

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publié le 9 août 2007 à 9h07

A moins d'afficher une mauvaise foi partisane, nul ne peut rendre José Bové et ses «faucheurs volontaires» responsables de la mort d'un agriculteur du Lot. L'action projetée - un pique-nique militant - était pacifique et symbolique. Le suicide est un drame trop personnel pour qu'on lui assigne, de l'extérieur, une cause aussi simple et accusatrice.

En revanche, le caractère acrimonieux que le débat sur les OGM tend à revêtir pose question à tous les protagonistes.

En pratiquant la «désobéissance civile» les anti-OGM se veulent les héritiers d'une glorieuse tradition, celle de Gandhi ou de Martin Luther King, qui ont défié illégalement mais pacifiquement deux pouvoirs tyranniques, celui de l'impérialisme britannique en Inde et celui des ségrégationnistes aux Etats-Unis. Cette fois, la même méthode est dirigée contre l'introduction d'un nouveau mode de culture. Or on sait que les OGM, aussi contestables soient-ils par certains aspects, ne menacent ni la vie des hommes - des millions de personnes en consomment sans qu'on ait recensé le moindre cas d'accident -, ni leur dignité. L'affaire est écologique. Autrement dit, les droits de la Terre sont-ils assimilables aux droits de l'Homme, pour qu'on décide ainsi de violer systématiquement la loi ?

Mais à l'inverse, est-on sûr que les gouvernements successifs aient mis en oeuvre tous les moyens de consultation démocratique à leur disposition avant d'autoriser la culture transgénique ? A-t-on envisagé, sur cette question qui touche l'op