Contrairement à ce que pensent les marxistes, ce sont les idées qui mènent le monde. Aux Etats-Unis en tout cas, centre de l'empire où le débat droite-gauche, à rebours du cliché en vigueur, est plus virulent qu'en Europe parce ce qu'il se mêle de religiosité.
Les idées ? Une idéologie plus exactement, celle qui a pris le pouvoir dans le sillage de Ronald Reagan et qui imprime sa marque à la politique américaine, hormis la parenthèse Clinton, depuis plus de deux décennies. Autour du Parti républicain, et très vite au coeur de la Maison Blanche, un petit groupe d'hommes formés par les théoriciens du néoconservatisme, souvent intellectuels eux-mêmes, a exercé son emprise sur trois présidents : Reagan et les deux Bush. C'est leur bilan qu'on peut dresser, alors que le second mandat de George W. s'achève dans l'amertume. Paradoxe : après de spectaculaires succès, ces hommes qui voulaient avant tout promouvoir la puissance américaine assistent impuissants à son recul pendant que leur influence s'efface.
Ainsi, le quatrième «changement d'ère» étudié cet été par Libération débouche sur un constat ambigu : portée à son paroxysme par la chute du Mur et l'esprit de croisade, l'hyperpuissance américaine, toujours impressionnante, toujours impérieuse, s'empêtre dans un monde qu'elle ne peut plus maîtriser.
Deux idées simples ont gouverné cette longue période d'hégémonie : l'Etat américain doit reculer à l'intérieur autant qu'il doit s'affirmer à l'extérieur. Baisse des impôts, dérég