Yves Mathieu, ingénieur à l'Institut français du Pétrole, chargé des ressources mondiales d'hydrocarbures, explique à Libération quels sont les tenants et les aboutissants des dernières expéditions arctiques.
Quel est l'enjeu de cette course au pôle Nord ?
Le domaine territorial des Etats couvre le domaine océanique sur une distance de 200 milles nautiques à partir de la côte. Donc, quand on trace cette limite, le pôle Nord n'appartient à personne. Car il est à plus de 200 milles des côtes canadiennes et groenlandaises, de la Russie, des Etats-unis ou de la Norvège.
Cette limite des 200 milles est la limite d'extension maritime des territoires nationaux dans lesquels les ressources minières, pétrolières, la pêche et autres sont des ressources du pays. Tout le monde est libre d'aller dans la zone qui va au-delà. Le pôle Nord ne fait partie d'aucun de ces pays. Donc, automatiquement, planter un drapeau peut signifier la volonté de s'approprier ce point, et, en ce qui concerne la Russie, celle de repousser la limite de 200 à 300 milles des côtes.
Mais planter un drapeau sur la mer ne donne pas la propriété de la mer. Si vous plantez un drapeau sur une île, si la communauté internationale est d'accord pour dire que vous êtes propriétaire de l'île, vous êtes propriétaire de l'île, mais pas du fond de la mer.
Le fond de la mer est à tout le monde, sauf dans la limite des 200 milles côtiers. Planter un drapeau à 4 200 mètres au fond de la mer, comme l'ont fait les Russes, est une