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Libération
Interview

«Sarkozy dit tout et son contraire»

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publié le 5 septembre 2007 à 9h30

François Dubet, sociologue et spécialiste de l’éducation, analyse la lettre du président Sarkozy. Que pensez-vous de la vision développée dans ce texte ?

Il s’agit d’un exercice classique, un grand discours sur l’école aux allures quasi théologiques, qui est un style politique typiquement français. Il s’agit donc d’un appel aux grandes valeurs et aux grands principes. Ce qui me frappe, c’est son caractère extraordinairement ambivalent. Avec une expression très forte «je veux», «il faut», le président dit des choses contradictoires, comme si on attendait de l’école qu’elle fasse tout. L’enfant est un individu singulier, dit-il par exemple, qui doit être reconnu comme tel, mais il explique aussi qu’il faut revenir aux vieilles méthodes d’autorité. Il parle d’égalité et de culture commune, mais, en même temps, le collège unique est menacé avec son allusion à une sélection à l’entrée en sixième. Il loue la civilisation universelle mais aussi l’école de la République, patriotique. Il défend la culture générale, mais aussi la science et la technique, de même pour les disciplines et l’interdisciplinarité. Enfin, il valorise la leçon traditionnelle et dit qu’il faut ouvrir les fenêtres sur le monde. Le Président s’inscrit ainsi dans une tradition où l’on attend de l’école plus que ce qu’elle peut donner, qu’elle professionnalise et donne aussi une culture générale, qu’elle crée de l’égalité et qu’elle soit fortement sélective. Sa rhétorique est assez forte, mais dans les mesures il