Menu
Libération
Éditorial

Mise en scène

Article réservé aux abonnés
publié le 8 septembre 2007 à 9h33

Italie-France : pourquoi tant de haine ? Jamais un coup de tête - pas même celui de Zidane - n'abolira la part de hasard qui réside dans l'émergence de cette rivalité. Longtemps, il fut de bon ton de détester l'Allemagne. Pour quiconque vibrait à la vue d'un ballon rond, la Mannschaft représentait le Mal absolu. Les poteaux carrés au secours du Bayern, la violence du karatéka Schumacher ou le look de Frankenstein du géant Hrubesch étaient autant de mauvaises raisons de vomir nos cousins germains en shorts et crampons. Brutalité et sauvagerie avaient élu domicile de l'autre côté du Rhin tandis que l'esprit français, injustement défait, se voulait refuge de la finesse et de l'ingéniosité technique.

Les clichés ont la vie dure et la compétition est un terreau fertile pour les cultiver. Après l'Allemand «rustre» vint le temps de l'Italien «truqueur». Au tournant des années 90, la Squadra Azzurra est devenue la nouvelle meilleure ennemie de nos Bleus. Un duel d'autant plus vif que les meilleurs joueurs français sont allés peaufiner sens tactique et performances physiques dans les clubs transalpins. La gémellité n'a fait qu'attiser la rivalité. Jusqu'à arracher en 1998 cet aveu à l'Italien Albertini, horrifié de l'hermétisme de la défense tricolore : «Nous avons enfanté un monstre.»

On touche là au comble de l'absurdité de cette mise en scène : ces joueurs sont payés par les mêmes dirigeants, se fréquentent toute l'année, ils sont même parfois amis, mais ils croient bon se ha