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Libération
Éditorial

Inventaire

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publié le 15 septembre 2007 à 9h40

Il fut un temps, celui de Jack Lang, où tout était culture. Aujourd'hui, tout peut-il devenir patrimoine ? On peut se poser la question lorsqu'on voit certains sites ou objets proposés aux 12 millions de visites attendues ce week-end. Au-delà des 42 600 édifices protégés, on a parfois l'impression d'un inventaire à la Prévert. L'affaire n'est pas nouvelle. En 1963, lorsque Malraux décida de protéger au titre de monuments historiques des édifices contemporains dont des bâtiments Art Nouveau ou des oeuvres de Le Corbusier, on cria au scandale. Depuis les années 30, le débat est vif entre les historiens et les architectes sur ce qu'il convient de protéger ou de restaurer. Faut-il sauver les oeuvres d'art ou célébrer tous les lieux de mémoire ? Poursuivre une politique du faste ou s'appuyer sur une doctrine de la transmission ? Les gouvernements successifs ont rarement tranché. Un peu de ceci, un peu de cela. En outre, depuis quarante ans, cette question est une pomme de discorde entre l'Etat et les collectivités locales, qui rechignent souvent à sauvegarder des sites qui pourraient être utilisés à des fins, disons plus immédiates. Et quand on sait que la moitié des bâtiments protégés appartiennent au privé, le débat se complique encore !

Le thème choisi cette année pour ces journées si populaires a ceci de malin qu'il ne tranche aucun de ces débats mais veut rester concret : le patrimoine, ça se protège, ça se restaure, il lui faut des fonctionnaires, des artisans, donc des empl