La proposition la plus sidérante de ces Journées du patrimoine tient dans cet intitulé : «Un nouveau patrimoine ? La tour Bois-le-Prêtre, dans le quartier de la Porte Pouchet (Paris XVIIe).» Situons ce désastre sur la carte : c'est un quartier du nord de Paris coincé entre périphérique et boulevards des Maréchaux, ni banlieue ni capitale, ni rien d'identifiable en fait. C'est l'ancienne «zone», celle qui fut naguère occupée par les fortifs et les bastions militaires de Thiers, puis par des bidonvilles qui durèrent jusqu'après la Première Guerre, et enfin par des HBM en briques poussés vite fait dans les années 30 au milieu des cimetières, des stades et des hôpitaux.
A la fin des années 50 débarque ici l'architecte Raymond Lopez (1904-1966) qui, en matière d'urbanisme, a des idées bien arrêtées : il faut flanquer par terre toutes les vieilles choses et les remplacer par des édifices rationnels. Il dresse deux tours et une barre d'immeubles.
Panneaux. Nous voici au pied de cet ensemble extrêmement peu engageant, en compagnie d'Yves Clerget, architecte urbaniste, responsable de la pédagogie de la ville, de l'architecture et du design au Centre Pompidou. Et cet Yves Clerget nous affirme, au milieu d'un épouvantable vacarme automobile: «Il y a ici un patrimoine.» Si l'on veut bien admettre que dans le moindre fragment d'une ville, il existe une histoire, une nécessité ou un accident, de toute manière un avenir, et qu'il est plaisant de «lire» tout cela en march