Dans les locaux de SUD Rail Paris Sud-Est, à la gare de Lyon, 14 h 25, hier. Une vingtaine de militants se sont donné rendez-vous pour écouter le discours de Nicolas Sarkozy, tant attendu. Répartis dans deux pièces, les ordinateurs branchés sur le site de la LCP (la Chaîne parlementaire), les cheminots attendent en bavardant. 14 h 30, le président de la République prononce ses premiers mots. Le silence s’installe, la concentration est de rigueur. Parfois, un sourire s’esquisse, un sourcil se hausse. Seul Daniel n’a pu se retenir de délier la langue. Il sera le seul à lancer des phrases, de temps à autre, du type : «Il supprime des postes, et il dit qu’il y a moins de travail», ou encore «sans productivité, il n’y a pas de droits sociaux, cela s’appelle de la méritocratie».
Silence. A quelques mètres de là, un jeune homme, isolé derrière son écran, suit le discours, écouteurs vissés dans les oreilles. A l’annonce de la suppression des mises à la retraite d’office avant 65 ans, il jette un «pouah» inattendu qui fait rire l’assemblée. Le silence sitôt revenu est troublé par un militant de l’autre salle, qui fait irruption chez ses camarades : «Chez nous, il n’a pas parlé des cheminots… et chez vous ?» raille-t-il.
Il est 15 h, et toujours pas un mot sur la réforme des régimes spéciaux de retraite. Le public s’impatiente. Quand arrive le moment fatidique, Daniel ne peut s’empêcher de suggérer au Président, qui estime que la pénibilité a fortement diminué, de «venir avec nous [les