Ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin (1997-2002), Hubert Védrine a remis, début septembre, au président Nicolas Sarkozy un rapport sur la France et la mondialisation dans lequel il formule une série de propositions pour moderniser la diplomatie hexagonale.
Pourquoi avoir accepté la proposition du président Sarkozy de plancher sur la politique française (1) ?
Accepter d'être consulté par le Président va de soi, même si nous n'appartenons pas à la même famille politique. Il y a longtemps que je pense que la France est, à son détriment, trop mal à l'aise dans la mondialisation, alors qu'elle pourrait y être plus dynamique. Certains appellent à une modernisation de notre politique étrangère qui dissimule mal une volonté de la normaliser. C'est un débat qui devrait être mené. On ne parle pas assez de politique étrangère en France.
D'où vient ce malaise ?
Contrairement à une idée reçue, presque tous les peuples des pays riches s'en méfient, y compris aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Mais les Français sont le seul grand peuple à approuver très minoritairement l'économie de marché. Surtout ils sont ceux qui doutent le plus de leur capacité à tirer leur épingle du jeu.
Comment moderniser la diplomatie française sans la normaliser ?
Il faut résister à deux tentations extrêmes qui risqueraient de dissoudre sans profit notre politique étrangère dans un ensemble plus vaste. D'abord, la tentation «européiste», qui est une sorte d'excès par rapport au sentimen