Laurence Tubiana est directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Quelle est votre première réaction à l'attribution de ce prix Nobel de la paix ?
Je trouve ça génial. D'abord, cette consécration lie les notions de paix et de réchauffement climatique, ce qui est très important. Ensuite, elle concrétise une bascule complète d'une partie de l'opinion publique internationale sur le vrai risque du réchauffement. Souvent, la thématique développée par les organisations de protection de l'environnement, c'est «sauvez la planète». Or, il s'agit plutôt de sauver l'espèce humaine. Et, en liant prix Nobel de la paix et réchauffement climatique, on montre que c'est bien de l'avenir de l'humanité qu'il s'agit.
Vous ne faites donc pas partie de ceux qui estiment qu'un Nobel de la paix est une récompense un peu excessive pour Al Gore ?
Au contraire, je trouve logique que la communication et la pédagogie soit récompensée en même temps que l'immense travail des scientifiques (à travers le Giec) sur le sujet. Il faut des médiateurs et des politiques pour communiquer ce que font les scientifiques. Nous y sommes. Par ailleurs, je trouve qu'il y a quelque chose d'intéressant dans le choix d'Al Gore - pour l'instant - de ne pas se représenter à l'élection présidentielle. Chaque fois qu'on lui pose la question, il rétorque : «Je fais quelque chose de plus important qui est de convaincre les gens à qui je vais parler. Je fais de la politique des esprits.»
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