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Libération
Éditorial

Revanche verte

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publié le 13 octobre 2007 à 0h45

Il est des prix Nobel qui ont un goût de revanche. En décembre 2000, après un mois de farce en Floride, Al Gore était un homme politique mort. Lui, l'«ex-futur président», avait bien récolté le plus grand nombre de voix, mais perdu l'élection face à Bush. Il n'avait jamais réussi à se défaire de cette image de loser, ennuyeux et emprunté, trop étroit pour succéder dignement à Bill Clinton. Sonné, Gore disait alors ne pas savoir ce qu'il adviendrait de sa vie d'homme public, et les démocrates voulaient l'oublier au plus vite. Sept ans plus tard, c'est la consécration pour un Gore nouveau, devenu en quelques mois le remarquable croisé d'une bataille pour le climat. Son film, Une vérité qui dérange est un succès mondial et lui vaut donc les honneurs. Mais en primant doublement Gore et le Giec du Nobel de la paix, les jurés d'Oslo font plus que de saluer le travail d'un homme, ils décrètent d'un coup le réchauffement de la planète comme priorité géopolitique mondiale. On sait déjà comment les négociations sur les émissions de gaz à effet de serre ont créé des tensions entre nations depuis Kyoto ou comment les variations de climat pourront avoir un impact direct sur les mouvements de réfugiés et la sécurité internationale. Avec ce prix, le comité Nobel interpelle les grands de ce monde et les somme d'agir vite. La récompense est peut-être pour Al Gore, mais le message est principalement adressé à son ancien adversaire George W. Bush. En sept ans de pouvoir, le président a