De notre envoyée spéciale à Abéché. A travers les grilles des fenêtres du palais de justice, les habitants d'Abéché pouvaient apercevoir hier matin les 16 détenus européens. Assis sur le sol d'une pièce sombre, ils semblaient tous assez abattus. La veille, pendant douze heures, ils ont été interrogés tour à tour par le procureur général de la République, puis par le juge d'instruction saisi du dossier. La nouvelle de leur inculpation a été annoncée officiellement à 1 heure du matin. Pour des raisons de sécurité, ils ont passé la nuit au palais de justice plutôt qu'à la maison d'arrêt d'Abéché.
Eprouvées. Vêtus des mêmes pantalons de pompiers et tee-shirts «Children Rescue» (le nom donné à l'opération par l'Arche de Zoé) depuis le jour de leur interpellation, les 9 Français sont accusés d'enlèvement d'enfants et d'escroquerie. L'un des membres de l'ONG est allongé, visiblement souffrant. Un compagnon d'infortune tente de le soulager. Les sept Espagnols et les deux Tchadiens sont, quant à eux, inculpés pour complicité. Eprouvées, désorientées, les hôtesses de l'air espagnoles ont du mal à retenir leurs larmes.
A son arrivée, le procureur de la République à Abéché, Ahmad Daoud, rappelle les charges retenues contre les prisonniers. «Ils [les Français, ndlr] encourent des peines de travaux forcés de cinq à vingt ans. Même les journalistes. Leurs complices encourent les mêmes peines», précise-t-il. La presse a cinq minutes pour photographier et filmer les accus