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Libération
Éditorial

Bastilles

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publié le 8 novembre 2007 à 1h21

On ignore qui, de Bush ou de Sarkozy, a eu l'idée de tenir une réunion dans la maison de Washington, à Mount Vernon. Mais l'information laisse rêveur. D'abord parce que dans la demeure du premier président américain sont conservées, depuis La Fayette, les clés de la Bastille. Et, ensuite, parce qu'on ne peut pas ne pas songer, par extrapolation, aux autres Bastilles françaises, idéologiques celles-là, mentales, dont la clé est en Amérique. La question des banlieues, avec ce mixte d'universalisme et de respect des différences qui est la marque de fabrique, là-bas, de la citoyenneté et dont notre modèle jacobin pourrait s'inspirer. La question de l'immigration, noyau dur du pacte social, avec ces douze millions de sans-papiers que les Etats- Unis absorbent sans avoir besoin ni d'un Hortefeux ni d'ADN. La pratique d'une repentance qui a de plus en plus mauvaise presse ici (trois jours, dans l'affaire d'Abou Ghraib, pour prendre acte de crimes que nous n'avons, nous, quarante ans après, toujours pas vraiment reconnus en Algérie). Sans parler de ces crises financières dont les Etats-Unis sont souvent l'épicentre mais qu'ils sont aussi les premiers à traiter de manière implacable : imagine-t-on, dans notre capitalisme de connivence, la mise en faillite d'Enron ? Et à l'inverse, le quotidien économique de référence racheté par quelqu'un dont ce n'est pas le métier et qui est, par ailleurs, l'homme le plus riche du pays ? Les Etats-Unis n'ont pas toutes les clés (santé, écologie, pa