S'il y a bien une véritable rupture à mettre au compte du chef de l'Etat, c'est bien celle de l'exhibition du corps du roi. Transpirant, courant, dénudé, essoufflé, énervé, décomplexé, surexcité, enivré, a-t-on dit aussi, l'incarnation de la République fait de son corps un spectacle continu à destination du peuple. Un genre de reality show qui signe la postrépublique.
Dès lors, pour quiconque sait un peu que le corps c'est aussi un inconscient, le moindre signe donné par celui de Nicolas Sarkozy afin qu'on puisse disposer partiellement des clés de la République mérite qu'on s'y arrête un peu.
Le président de la République met en scène son ego depuis un quart de siècle. On sait donc que, pour lui, et depuis son enfance sur laquelle il n'aime pas s'appesantir, l'Amérique, c'est le Pérou. autrement dit, un mythe.
Le petit garçon devenu l'incarnation de la France arrive donc sur le territoire américain comme un enfant, c'est-à-dire les armes au pied, donc potentiellement poreux sur le terrain de l'inconscient.
Dès lors, il faut entendre la singularité de cette phrase désarmée d'un personnage désarmant par tant de naïveté qui dit être venu aux Etats-Unis pour «reconquérir le coeur de l'Amérique».
La reconquête d'un coeur perdu (et naguère photographié aux Etats-Unis) est une énigme pour Sarkozy qui comprend mal qu'on puisse ne pas l'aimer.
Pour ce travail de Titan, il ne s'accorde que vingt-six heures : trop petit, mon ami. Quand on veut reconquérir un amour perdu, mégoter sur l