Pourquoi êtes-vous partisan de ce projet ?
C'est une question complexe, passionnelle, car cela touche à un principe antique, celui de la non-responsabilité du malade mental. Ce principe est historique, et on en trouve les prémisses dans le droit romain, mais aussi dans la Bible. Le problème, aujourd'hui, est que les médias entraînent une amplification du débat, sur lequel les politiques jouent. Chacun sort son drapeau : faut-il ou non juger les fous ? La question n'est pas à ce niveau. Dans la réforme proposée, il est hors de question de les juger.
Mais alors, pourquoi un projet ?
Il y a quelques années, il y a eu une réforme du code de procédure pénale, faisant suite au lobbying d'une famille de victime : cette réforme permet qu'en cas d'appel d'un non-lieu, il y ait une audience publique, comme cela vient de se faire à Pau. Cela me paraît, sous certaines conditions, une bonne chose, avec une difficulté : les magistrats de la chambre d'instruction sont des magistrats de dossiers et ils vont se trouver à gérer une audience très délicate. On avait proposé qu'il y ait une juridiction ad hoc, pour être affecté à ce type d'appel de non-lieu.
Comment devrait se passer ce procès ?
Il ne s'agit pas d'un procès, mais d'une audience. Avec des dangers réels à éviter. Il existe ainsi le risque d'une dérive démagogique qui consiste à ne pas protéger la victime et à la laisser dans un face-à-face à nu, avec la tentation vengeresque : «Je vais entendre ce qui s'est passé, donc je vais compr