Ce devait être un temps fort du quinquennat. Un grand plan, un discours mobilisateur, pour enfin permettre à Nicolas Sarkozy de renouer avec la banlieue. Raté. Vendredi, à l'Elysée, où il présentait son plan pour les quartiers en difficulté devant un millier d'invités, le chef de l'Etat est apparu comme absent. Lui, l'orateur capable d'habiter ses propos quand il est en forme, a expédié son sujet en multipliant les coupes dans son discours.
Vent de révolte. Sans souffle, il a récité son texte en le ponctuant de sentences moralisatrices («Il va falloir se lever tôt») ou de lapsus («exclusion» au lieu «d'excision»), quitte à laisser son auditoire sur sa faim (lire page 4). Fait très rare à l'Elysée, le président de la République, avant d'entamer son discours, a demandé à ses ministres de monter avec lui sur l'estrade de la grande salle des fêtes. Une manière de ne pas apparaître isolé, mais sans doute aussi l'amorce d'un changement de style. Alors que la grogne dans la majorité et au sein du gouvernement provoque chaque jour son lot de psychodrames, Nicolas Sarkozy veut la jouer moins perso et valoriser ses ministres.
Il n'empêche, le train de mesures annoncées vendredi va encore exaspérer tous ceux qui, à droite, jugent trop brouillonne l'action du chef de l'Etat. Ce nouveau plan risque en effet d'apparaître comme une réforme de plus dont les résultats concrets vont eux aussi se faire attendre. Le rapport Attali est à peine déposé sur le bureau présidentiel