Un nouvel Etat surgit en Europe dans cet espace ex-yougoslave déjà lacéré par une décennie de conflits. La «République du Kosovo» concrétise le rêve des Kosovars albanais désormais en écrasante majorité dans cette province du sud de la Serbie enclavée et démunie de ressources naturelles.
Ils sont bien les seuls à s'en réjouir. Même les capitales européennes qui, comme Paris, Londres, Berlin ou Rome, s'apprêtent avec Washington à reconnaître la nouvelle souveraineté de Pristina, le font à reculons. «Le choix était entre une mauvaise solution et une très mauvaise solution», reconnaissent les diplomates occidentaux inquiets du précédent créé par cette indépendance unilatérale d'ores et déjà déclarée «illégale et immorale» par la Serbie comme par la Russie. Le statu quo serait néanmoins encore plus lourd de risques.
Le protectorat international instauré depuis juin 1999 était perçu de plus en plus comme «colonial» et aucun Kosovar albanais n'aurait admis un quelconque retour dans le giron serbe, symbole de l'oppression, surtout après la suppression du statut d'autonomie en 1990 par Slobodan Milosevic, le défunt homme fort de Belgrade.
Flou. De leur côté, les autorités démocratiques de Belgrade seraient prêtes à se contenter d'une souveraineté, même formelle, mais elles ne peuvent accepter la sécession de cette province qui fut le berceau de l'histoire serbe. Tout compromis s'est révélé impossible malgré les efforts diplomatiques des Européens et des Américains. Ils av