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publié le 18 février 2008 à 2h23

L'indépendance proclamée à Pristina reconnaît un état de fait plus qu'un Etat de droit. Depuis les massacres et nettoyages ethniques perpétrés par Milosevic et l'engagement de l'OTAN qui les a finalement stoppés, la Serbie a dû abandonner toute souveraineté sur cette région qui est aussi son berceau historique. L'administration et l'armée et serbes ont dû quitter le Kosovo. L'euro a remplacé le dinar et l'indicatif téléphonique n'est plus celui de la Serbie. Sous administration de l'ONU et perfusion de l'Europe, le Kosovo vit depuis dans des limbes juridiques. Son indépendance de façade est aujourd'hui le résultat de l'ingénierie politique et diplomatique d'une Europe qui affirme prendre en charge les affaires de son arrière-cour.

Elle n'est pas pour autant sans risque. Pour la région tout d'abord où la création de ce micro-Etat grand comme deux départements français, sans la moindre viabilité économique et extrêmement corrompu, porte un danger de déstabilisation. L'Europe se porte garante du sort réservé aux minorités serbes de la province, mais aussi égyptienne ou rom que les Albanais pourchassent et humilient. Quelle solution pérenne l'Union européenne peut-elle leur assurer ? L'Europe créé aussi un précédent qui risque de hanter longtemps cette Union qui entendait dépasser les nationalismes. Flamands, Catalans, Basques, Corses auront beau jeu de dénoncer le deux poids deux mesures pratiqué par une Union européenne qui, depuis le début de l'éclatement de la Yougoslavie, n'