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Libération

Thaçi, de l'uniforme au complet gris

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Ancien guérillero de l'UCK, le Premier ministre a réussi sa mue en homme politique pragmatique.
publié le 18 février 2008 à 2h22

Quand depuis la tribune du Parlement de Pristina, il a lu la déclaration d'indépendance, Hashim Thaçi semblait ému de réaliser le rêve de tout son peuple. Lui-même entre maintenant dans l'histoire par la grande porte. L'ancien guérillero, à peine 39 ans, qui fut surnommé «le Serpent» au temps de sa jeunesse combattante dans les maquis de l'Armée de Libération du Kosovo (UCK), a réussi sa mue. «Je suis fier d'avoir mené la guerre mais ce moment appartient au passé et ne doit pas déterminer l'avenir» confiait-il récemment.

Conseillers. Ce montagnard taiseux, peu cultivé, ne baragouinant, malgré des années d'efforts, que quelques mots d'anglais, a su au fil des ans, grâce à des conseillers occidentaux, notamment américains, devenir un homme politique pragmatique. Il a troqué l'uniforme ou les costumes voyants pour de stricts complets gris. Surtout, il a su changer de style et de discours. Après les émeutes antiserbes de mars 2004, il fut le premier politicien kosovar d'envergure à dénoncer ces violences et à rappeller publiquement que «le Kosovo n'appartient pas aux seuls Albanais».

Verdict. Sa grande force est aussi de ne plus avoir de véritable rival sur la scène politique locale. Le président Ibrahim Rugova, le leader symbole d'une décennie de lutte non violente et de résistance civile de masse, est mort il y a deux ans. L'autre chef charismatique de la guérilla, Ramush Haradinaj, qui fut Premier ministre, attend dans une cellule du Tribunal pénal international d