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Libération
Éditorial

Affolement

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publié le 18 mars 2008 à 2h45

N'importe quel trader de base vous le dira. Le pire dans le monde de la finance, c'est la panique. Car la panique engendre la panique. C'est donc dans une course contre l'affolement général que s'engagent à la fois la Fed et la Maison Blanche. Réunion d'urgence chez George W. Bush, interventionnisme acharné tout le week-end de la Réserve fédérale et baisses des taux à gogo, l'objectif est unique : renflouer les marchés et rétablir la confiance pour éviter l'effondrement. L'intention est louable, mais n'est-elle pas un peu tardive et désespérée ? Cette fois, c'est la presque faillite de Bear Stearns, l'un des joyaux de la finance américaine, victime directe des subprimes, qui a déclenché la énième alerte. Son rachat pour une bouchée de pain par l'un de ses concurrents n'a rassuré personne. Au contraire, elle n'a fait que renforcer les angoisses des investisseurs quant à la solvabilité des établissements financiers. Même Bush commence à se rendre à l'évidence et évoque des «temps difficiles», tandis qu'Alan Greenspan, l'ancien gourou de la Fed, joue les oiseaux de mauvais augure. Pourtant, c'est ce même Bush qui, il y a encore quelques semaines, refusait de parler de la «crise» des prêts hypothécaires. C'est Alan Greenspan aussi qui, alors en poste, a rejeté toute régulation du système irresponsable des crédits américains. Aujourd'hui, de l'avis même de DSK, le patron du FMI ou de Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale, la planète entière risque d'en pâtir.