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Analyse

Les talibans forts... de l'impuissance de l'Otan

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Plus radicale et plus déterminée, l'insurrection gagne du terrain.
publié le 1er avril 2008 à 2h56

Il existe une Bible sur l'Afghanistan, en particulier sur les régions saisies aujourd'hui par l'insurrection talibane : le Gazetteer. Rédigé au péril de leur vie par les agents des services secrets de l'Empire des Indes, qui redoutaient les agissements de la Russie à ses frontières, il fait la recension des vallées, villages, tribus, clans, et des relations entre les uns et les autres. Au final, un travail légendaire, qui maille le pays, fournit toutes les données pour d'éventuelles insurrections et contre-insurrections et reste globalement valable cent ans plus tard - il vient d'ailleurs d'être réédité. Ce Gazetteer, que les officiers britanniques de l'époque, n'oubliaient pas, malgré son poids accablant, d'emporter en mission, quel supérieur de l'Isaf (la force de l'Otan en Afghanistan) l'a aujourd'hui entre les mains ?

Guerre bâclée. Or, un conflit dans les confins afghano-pakistanais ne peut guère s'imaginer sans une connaissance intime du pays et de ses habitants, seule façon par exemple de «retourner» une tribu. C'est là où le bât blesse. Les forces de l'Isaf et des Etats-Unis mènent - au mieux - une guerre approximative, bâclée, entâchée d'innombrables bavures. On ne compte plus les cérémonies de mariage confondues avec des rassemblements talibans ou les villages bombardés par erreur. Le président Hamid Karzaï s'en est même plusieurs fois indigné. Il n'y a pas que les Américains à être décriés pour leurs frappes sans retenue. Dans la province de Kandahar,