Le dalaï-lama a le sens de l’humour et aime la viande rouge, quitte à briser les illusions de nombre de ses admirateurs persuadés que les Tibétains sont végétariens et non-violents. «Je leur ai dit, à l’Elysée, que c’était scandaleux d’être ostracisé à ce point, qu’ils servaient des bons plats à tout le monde, et à moi de simples légumes parce qu’ils pensaient que je ne mange pas de viande», racontait-il en 1998 à l’issue d’un déjeuner pour des prix Nobel organisé par Jacques Chirac.
Qui est vraiment le dalaï-lama ? Ce chouchou des stars hollywoodiennes qui parcourt le monde en mocassins de luxe, ce pape-vedette que le magazine de mode Vogue invite à choisir ses mises en page ? Ou ce leader spirituel et temporel du Tibet que vénèrent les 6 millions de Tibétains ? L’auteur à succès de livres de vulgarisation du bouddhisme prétendant donner la clé du bonheur ? L’orateur qui égrène dans un mauvais anglais des platitudes comme «la violence engendre la violence» ; l’homme d’Etat, récipiendaire du prix Nobel de la paix, initiateur d’une politique pacifiste visionnaire ? Ou, comme l’en accuse le gouvernement chinois, un défenseur du féodalisme qui régnait au Tibet avant sa «libération» en 1951 par l’armée populaire ?
Avatar. Le Tibet, où voit le jour Tenzing Gyatso, est une théocratie où le servage est pratiqué au service d’une aristocratie dominante. Les moines-soldats des monastères se livrent parfois des batailles meurtrières pour des questions