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Libération
Interview

Le Smic, un concept neuf

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publié le 13 mai 2008 à 3h26

Philippe Askenazy, économiste : «On porte souvent sur le Smic un regard datant du milieu des années 1990 : notre salaire minimum serait une exception et une anomalie. Pourtant, le monde a changé. Dans les pays anglo-saxons, le salaire minimum est un concept moderne. Ce sont des pays ouverts, des gagnants de la mondialisation. D'un côté, cette mondialisation augmente la valeur du travail des ingénieurs, cadres, intellectuels. D'un autre côté, celle des ouvriers - et, par capillarité, de tous les emplois de services dits peu qualifiés - se devrait d'être alignée sur celle des ouvriers chinois. Ainsi, leur travail n'aurait plus un prix de référence. Le salaire minimum devient alors le moyen pour la société d'imposer un fair wage, une valeur juste du travail nécessaire à la cohésion sociale. Dans une économie de services socialement soutenable, la caissière ou la femme de ménage doivent en effet être payées décemment. En Grande-Bretagne, le gouvernement travailliste de Tony Blair a mis en place un salaire minimum, le Congrès américain à majorité démocrate a récemment voté une hausse de 40 % sur trois ans du minimum fédéral, en Allemagne, le SPD porte aussi l'idée d'un salaire minimum pour contrer la pression vers le bas. Quant à l'Irlande, un pays de la zone euro, totalement mondialisé, c'est un gouvernement centriste-nationaliste qui l'a introduit en 2000. Le salaire minimum irlandais est de 8,65 euros par heure pour un salarié avec une expérience minimale, soit égal au