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Libération
Analyse

Une catastrophe si bien exploitée

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Pékin fait oublier sa gestion autoritaire de la crise tibétaine.
publié le 16 mai 2008 à 3h29

Il y a moins d'une semaine, la Chine renvoyait au monde l'image glaçante d'un régime nationaliste et autoritaire, plombé par une propagande héritée de la Révolution culturelle. Depuis la catastrophe du Sichuan, le Tibet, le parcours agité de la flamme olympique et la vague nationaliste qui a suivi sont passés à la trappe. L'heure est à la compassion, à la mobilisation et à l'action, montrées sans interruption sur CCTV, la chaîne nationale. La nation est soudée par le drame et ses dirigeants envoient des signaux d'ouverture à la communauté internationale. Plus de barrages de police, plus d'entraves à la liberté d'informer. Les consignes de «sécurité» inlassablement invoquées ne sont plus d'actualité. Les journalistes, toujours interdits dans la zone tibétaine, ont jusqu'à présent été libres de leurs mouvements dans le Sichuan.

Transparence. Hier, la Chine, qui prétextait depuis lundi «des problèmes logistiques» pour décliner les offres d'aide internationale a même accepté l'arrivée sur son territoire d'une équipe d'experts et de secouristes japonais, et celle d'un groupe de Taiwan. Les deux pays, en voie de réchauffement diplomatique avec leur voisin, n'ont pas été choisis au hasard. La Corée du Sud, l'Australie et l'ONU, également volontaires pour des missions de sauvetage, ont été refusés. La décision intervient tard, quatre jours après le drame, alors que les chances de sauver des vies deviennent infinitésimales au regard des dizaines de milliers de disparus.