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Libération

Des verrous trop contraignants

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La révision des lois bioéthiques mettra en cause les principes d'anonymat et de gratuité
publié le 17 mai 2008 à 3h30

Une campagne de promotion. Mais deux sujets soigneusement évités. Inciter les femmes aux dons de gamètes comme va s'y employer le gouvernement la semaine prochaine relancera nécessairement les discussions sur deux principes sacro-saints retenus par le législateur : l'anonymat et la gratuité du don. Au début des années 2000, lors de la dernière révision des lois de bioéthique (votées en 1994), ces sujets n'avaient pas été abordés. Ils le seront lors du débat sur la modification de ces lois, prévue en 2009.

Faut-il indemniser le don ?

En Espagne, les donneuses d'ovules (qui n'ont pas l'obligation d'être déjà mère, comme en France) reçoivent un dédommagement (autour de 1 000 euros). En France, la gratuité est un principe absolu, conçu comme une précaution contre «la marchandisation du corps». En 2006, le professeur René Frydman (chef de service de gynécologie -obstétrique à l'hôpital Antoine-Béclère), prenant acte de la «pénibilité» de ce don, s'est prononcé en faveur d'un «dédommagement solidaire». Ainsi, «cet acte de générosité pourrait être calculé de telle sorte qu'il ne devienne pas un objet de lucre». Il notait également : «Nous sommes les seuls en Europe à défendre de manière aussi farouche cette position de la gratuité absolue» (1). Laure Camborieux, présidente de l'association Maïa (qui accompagne les couples infertiles), pense qu'une compensation financière n'est «pas la clé» pour pallier la pénurie de dons. Mais les femmes qui