Menu
Libération
Interview

«La valeur du loisir est un élément de la richesse»

Article réservé aux abonnés
Pour Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, les salariés doivent profiter des gains de productivité :
publié le 19 mai 2008 à 3h30
(mis à jour le 19 mai 2008 à 3h30)

Prix Nobel d'économie, ancien conseiller de Bill Clinton puis chef économiste de la Banque mondiale, Joseph Stiglitz est l'économiste préféré des altermondialistes. De passage à Paris pour faire la promotion de son dernier ouvrage (1), il évoque, pour Libération, la question de la réduction du temps de travail.

La France fête les 10 ans de ses 35 heures. Une politique de réduction du temps de travail diamétralement opposée à celui des Etats Unis.

Dans le cadre de la mission que le gouvernement de Nicolas Sarkozy m'a confiée avec d'autres experts, nous réfléchissons à la façon d'établir de nouveaux instruments de mesure pour évaluer la richesse d'un pays. Je pense notamment que l'on doit intégrer dans la mesure du PIB ce que j'appelle la «valeur du loisir». C'est important dans une société efficace que les gens qui veulent un travail puissent en trouver un. Mais si ces personnes veulent prendre un mois de vacances durant l'été, est-ce pour autant un «dysfonctionnement» de cette société ? Evidemment non : c'est juste le choix de profiter au mieux des gains de productivité et du progrès technologique. Les Américains travaillent aujourd'hui plus qu'il y a trente ans. Ils devraient pouvoir en profiter plus, mais ce n'est pas le cas. Ils disent travailler pour offrir de meilleures conditions à leurs familles, mais la conséquence c'est qu' ils n'ont plus de temps à consacrer à leur famille.

Alors pour ou contre les 35 heures ?

L'un des enjeux des 35 heures était de partager les heures de travail pour permettre à plus de gens de travailler. C'était aussi l'occasion de trouver entre patron et salariés des accords d'entreprise spécifiques. Il faut d