E.G. : Votre politique pénale va à l'encontre des objectifs que vous-même fixez, c'est-à-dire de lutter contre la récidive. La lutte contre la récidive commence à partir du début de la peine. La loi sur la rétention de sûreté va à l'encontre de cela.
R.D. : C'est sûr, elle va à l'encontre des délinquants dangereux, vous avez raison, pas à l'encontre des victimes.
E.G. : Cette loi, c'est la perpétuité sans le crime. En plus, elle ne donne aucune perspective aux personnes qui sont incarcérées pour quinze, vingt ou trente ans de se dire : «Je connais le moment où je vais sortir.» Tous les psychiatres nous le disent, comment voulez-vous que l'on arrive à faire un travail avec ces personnes dès le début de leur incarcération ? C'est pourtant comme cela que l'on lutte contre la récidive.
R.D. : Vous avez été garde des Sceaux. Vous ne pouvez pas avoir de soins contraints en prison. C'est important de le rappeler. On ne peut pas obliger quelqu'un à se soigner.
E.G. : La rétention de sûreté, c'est non seulement quelque chose qui va à l'encontre de tous les principes dont nous avons hérités de la Révolution française - on piétine nos grands principes, qui sont ceux de tous les pays démocratiques - mais en plus, ce n'est pas efficace. D'abord, parce que cette rétention de sûreté, en raison de la décision du Conseil constitutionnel, s'appliquera à partir de 2023.
R.D. : Pas du tout, elle est d'application immédiate.
E.G. : Elle s'appliquera à partir de 2023.
R.D. : Elle est déjà applica