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Libération
Analyse

Les défauts d'une loi

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La victime de ce projet voué à l'échec sera la création artistique elle-même.
publié le 18 juin 2008 à 3h56

Difficile de faire le tour des défauts du système de riposte graduée. Il en a trop. On pourrait pointer la disproportion, déjà dénoncée par la Cnil et le Parlement européen, entre la collecte massive de données personnelles sur le réseau et la sauvegarde des intérêts économiques des ayants droit. Ou l'apparition d'un nouveau délit, celui de ne pas surveiller correctement l'utilisation de sa connexion Internet. Ou encore cette coupure d'accès au Net qui nie l'importance qu'a prise le réseau en tant que plate-forme sociale, d'expression et d'accès au savoir. Malgré cette liste (non exhaustive), il se trouvera toujours une bonne âme pour accuser le détracteur de vouloir la mort de la création artistique et la paupérisation des artistes. Bien au contraire.

Temps perdu. C'est sans doute là le paradoxe de ce projet, qui, en refusant de voir en face le paradigme du partage de la culture numérisée sur Internet, devenu un usage dénué de la moindre transgression, prévoit de mettre en place une solution forcément vouée à l'échec. Entre les ratés prévisibles de cette usine à gaz et les solutions techniques alternatives qui ne vont pas manquer d'apparaître sitôt la loi en application, l'énergie et le temps perdus sont considérables. Et la première victime de cet échec sera forcément la création artistique. Les mois (ou les années) qui vont s'écouler avant que les instances commencent à réfléchir à un modèle basé sur les faits et non sur le fantasme d'un retour en arrière salvateur seront