Votre maison de disque avait l'idée de mettre un sticker sur l'album : «Vous pouvez aimer Carla Bruni sans aimer son mari.» Qu'en avez-vous pensé ?
Je comprends qu'elle ait voulu, à un moment, couper l'herbe sous le pied à cet amalgame. Je suis consciente du trouble de cette situation de dédoublement parce que cela suscite un trouble en moi aussi. Quand je fais un disque, je plonge dans mon noyau intime. Pour le préserver, il a fallu que je me dédouble. C'était la seule solution, pas forcément pour rester chanteuse mais pour survivre.
Survivre ! Le mot est fort !
Oui, survivre au fait d'être complètement dépassée par la situation extérieure.
Dans le disque, vous tutoyez quelqu'un est-ce un tutoiement de convention, une convention poétique ou artistique ?
Le tutoiement s'adresse toujours à quelqu'un, imaginaire ou non. J'ai écrit des chansons qui semblaient ciblées. Certaines portaient même des prénoms. Les chansons, je les écris beaucoup à travers les sentiments que je ressens. Je n'écris pas sur moi-même ou quelqu'un, j'écris à travers moi, comme un prisme. Donc le tutoiement est absolument précis et imaginaire.
Donc «fais gaffe à toi, je suis italienne».
Je pourrais vous le dire par exemple ! Mais je ne suis plus italienne depuis trois mois.
Vous êtes donc naturalisée française ?
Pas encore, la procédure est longue pour tout le monde, mais je suis désormais française.
Pourquoi ne l'avez-vous