Pourquoi Carla Bruni dans Libération ? D'abord parce qu'elle est une chanteuse de qualité ; ensuite parce qu'elle est la femme du président de la République. Cette double personnalité compose un cas unique dans le théâtre politique, un ovni symbolique dont on cherche vainement l'exemple, hier ou ailleurs. Il mérite examen, tant il est baroque, incongru, irritant même. Notre analyse de la politique sarkozyenne reste la même. Mais le rôle de Carla Bruni est un sujet journalistique complexe, qu'il faut décrypter sans oeillères. D'où vient le trouble, parfois le malaise ? Pas de sa personnalité de membre de la jet-set née (bien) coiffée. Jusqu'à l'idylle présidentielle, on s'en arrangeait fort bien. Voix chaude et esprit délié, Carla Bruni était une progressiste de la chanson qu'on était content de trouver pour faire avancer telle ou telle cause. Voilà que cette séductrice aux réflexes de gauche passe à la droite bling-bling. L'ouverture gouvernementale, arme dirigée contre l'opposition, se double soudain d'une ouverture sentimentale, dont les effets, volontaires ou non, sont les mêmes. Plutôt soutenu jusque-là par des vedettes populaires comme Mireille Mathieu ou Enrico Macias, Nicolas Sarkozy passe indirectement à des emblèmes de la gauche chic comme Michel Houellebecq ou Julien Clerc. Une rupture culturelle enrôlée de facto au service de la rupture libérale. Voilà sans doute la racine des réactions. Pour une partie de l'opinion, une icône a changé de camp. Autre
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