A Johannesbourg «Si vous perdez une élection et êtes rejetés par les gens, il est temps de quitter la politique», avait claironné Robert Mugabe, au premier tour de la présidentielle, le 29 mars. Mais malgré sa défaite électorale - il n'a recueilli que 43,2% des voix, contre 47,9 % à son rival, Morgan Tsvangirai - et malgré son grand âge (84 ans), le «père de la nation» refuse de s'incliner. Mugabe a rejoint la longue lignée des despotes africains, de Idi Amin Dada à Mobutu en passant par Charles Taylor, prêts à tout pour rester au pouvoir.
Et pourtant, tout avait si bien commencé. Né en 1924 dans une famille pauvre, Mugabe s'est senti très jeune investi d'une mission. Rejeté par les autres enfants, le petit Robert s'enferme dans les livres. «Il n'a jamais eu d'amis, affirme la journaliste sud-africaine Heidi Holland, l'une des rares à l'avoir interviewé récemment, dans le cadre d'un livre (Dinner with Mugabe). C'est un cérébral qui ne supporte pas d'être remis en cause et cherche alors à se venger.»
Modèle. Devenu instituteur, Mugabe obtient une bourse pour étudier à l'université de Fort Hare en Afrique du Sud : là, les étudiants de l'ANC l'initient au marxisme. En 1958, il part enseigner au Ghana. De retour au pays, Mugabe rejoint l'Union nationale africaine du Zimbabwe (Zanu), qui lutte contre le régime raciste de Ian Smith. En 1964, il est arrêté et passe onze ans en prison.
A sa libération, il se réfugie au Moz