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Libération
Portrait

Tsvangirai, un opposant asphyxié

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Le candidat du MDC a préféré se retirer pour ne pas risquer un bain de sang.
publié le 25 juin 2008 à 4h02

Son retrait de la course électorale convaincra encore un peu plus que Morgan Tsvangirai n'a ni la carrure ni le courage pour renverser Robert Mugabe. Pourtant, avait-il vraiment le choix ? Le candidat de l'opposition a compris que sa base ne pouvait plus faire face à la répression de plus en plus déchaînée du régime Mugabe. En cas de résultats truqués, allait-il appeler ses supporters à manifester, au risque de provoquer un bain de sang?

Cet ancien mineur de 56 ans, fils d'un maçon et l'aîné de neuf enfants, vient d'un milieu modeste et n'a pas, contrairement à Mugabe, suivi d'études supérieures. Mais c'est lui qui a porté le coup le plus rude au pouvoir en mettant fin, au milieu des années 90, à l'alliance entre le Congrès des syndicats zimbabwéens et le parti présidentiel, le Zanu-PF. Son conflit avec le régime éclate lors d'une augmentation des impôts décrétée par Mugabe pour payer les pensions des combattants de la guerre d'indépendance, dont le chef de l'Etat est le champion.

Deux ans plus tard, en 1999, Tsvangirai fonde son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Mugabe comprend aussitôt la menace: Tsvangirai, soutenu et financé par la minorité blanche, est devenu le porte-parole de la classe moyenne noire, fonctionnaires, employés, salariés, des urbains lassés de la gabegie.

Le plan est parfaitement huilé. Mugabe s'en prend aux Blancs, en utilisant les pauvres des campagnes. Ensuite, il assimile Tsvangirai au parti de l'étranger. Et enfin, il détruit l