L'hypocrisie, on le sait, est un hommage du vice à la vertu. Hypocrite, le système de gouvernance de la télévision publique l'était, sans nul doute. Quoique nommé par une instance en théorie indépendante, le président de France Télévisions devait son poste à une succession de manoeuvres dans lesquelles le pouvoir politique pesait de tout son poids. Mais, hommage à la vertu, ce président pouvait aussi s'appuyer, dans l'exercice de ses fonctions - et selon son caractère - sur le principe d'autonomie que lui promettait la loi. De même, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) faisait écran, par exemple en cas de changement de majorité, aux injonctions trop directes du pouvoir exécutif. L'indépendance est un combat et dans ce combat, le CSA pouvait être une arme, plus ou moins efficace. La réforme de la procédure annoncée tout de go par Nicolas Sarkozy balaie d'un mot cette construction. Comme il le dit lui-même : «C'est clair.» Désigné officiellement par le prince et confirmé par le CSA (en majorité lié à la droite) et le Parlement (dominé par l'UMP), le futur président d'une ORTF relookée sera, par définition, l'obligé de celui qui l'aura distingué. Au nom de quoi, dans ce système, lui résisterait-il ? Fin de l'hypocrisie, donc, place au vice ostensible de la dépendance sans fard. Dangereusement influent dans l'audiovisuel privé, l'hyperprésident place le secteur public sous son contrôle politique direct. La France avait mis des décennies à se dégager imparfaitement
Dans la même rubrique