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Libération
Éditorial

Désert

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publié le 27 juin 2008 à 4h03

Vivre et travailler au pays. A l'heure de la mondialisation et des migrations planétaires ce mot d'ordre des années 70 peut paraître démodé.

Mais il ne l'est pas. Les Français ont le droit de choisir de vivre près de leurs racines ou de revenir «au pays». Après tout, cela fait vingt-cinq ans que les politiques de tout bord leur vantent les beautés de la décentralisation. Et qu'ils entendent des discours lénifiants sur la qualité de vie de la province.

Seulement l'Etat n'a pas joué le jeu. D'une part, il ne respecte pas ses engagements vis-à-vis des régions en matière de transferts de moyens budgétaires. D'autre part, dans sa folie rationalisatrice, le voilà qui supprime partout des hôpitaux, des tribunaux, des casernes. Ajoutons à cela, des bureaux de postes qui ferment et des dessertes ferroviaires qui disparaissent. Nous voici revenus quarante ans en arrière, lorsque l'on dénonçait le désert français et qu'on inventait l'aménagement du territoire.

Nous vivons aujourd'hui le déménagement des territoires et cette sensation d'abandon est encore aggravée par l'inflation des coûts de transport lié à la flambée du pétrole, qui rend la mobilité coûteuse. Et par les débats souvent byzantins, mais très médiatisés, sur le projet du Grand Paris.

Au moment où le gouvernement veut obliger les chômeurs à accepter des jobs de plus en plus loin de leur domicile et favoriser la mobilité, il faut au contraire rééquilibrer les territoires, les irriguer. Il faut changer de perspective et redonner