«Anne, ma soeur Anne, qu'est ce que tu vois venir pour demain ?
- Une grosse crise.
- Et pour après demain?
- Une révolution.»
Si «ma soeur Anne» était experte en matière d'automobile, voilà le genre d'oracle qu'elle balancerait du haut de son donjon. Tout est là pour s'en persuader. Des constructeurs américains au bord de la faillite, des marchés occidentaux qui piquent du nez les uns après les autres, un baril du pétrole qui s'installe au-dessus des 130 dollars, une concurrence des pays à bas coûts de plus en plus féroce, des politiques de taxation du CO2, un appétit soudain pour la voiture low-cost. Tout se conjugue pour que l'industrie automobile mondiale change de peau. Et bien sûr de moteur, puisqu'il est clair que notre voiture, d'ici dix ans, ne roulera plus avec le même plein d'essence. Et peut-être même sans essence du tout. Bref, tout est à inventer : les technologies, les stratégies industrielles, les produits.
Et dans cette révolution, les salariés français ont de bonnes raisons de se faire du souci. «On peut imaginer sans peine l'état d'esprit des salariés du secteur automobile, qui voient s'accumuler, au-dessus de leurs têtes, de gros nuages et de futurs plans sociaux», résumaient trois syndicats de la métallurgie (CFTC, CFE-CGC et FO), le 3 juillet, à l'issue de la signature, à Bercy, d'une charte de soutien au secteur. Renault a été le premier à annoncer, en fin de semaine dernière, un plan de 5 000 suppressions d'empl