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Libération

La mort de l'âme russe

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publié le 5 août 2008 à 4h31

C'est un Tolstoï, ou un Dostoïevski, que la Russie a perdu, proclamait hier la télévision du pays, sans réussir à trancher entre les grands noms et les superlatifs. Ces dernières années, cloué par la maladie dans sa maison de Troitse-Lykovo, aux environs de Moscou, Alexandre Soljenitsyne n'apparaissait plus que rarement en public, mais une aura de vieux sage s'était formée autour de lui, soigneusement cultivée par le régime. Il était la «conscience de la nation», résumait hier encore la télévision, qui n'a pas de mal à piocher dans l'oeuvre, immense et contradictoire, de l'écrivain pour faire de l'ancien ennemi public un monument. Ce sera la dernière tragédie de Soljenitsyne, à laquelle lui-même aura prêté le flanc : être aujourd'hui célébré par les héritiers du régime qu'il avait si magistralement combattu.

«Reconnaissants». «Son nom sera pour toujours associé à l'idée de la protection du peuple russe», a relevé le président Dmitri Medvedev dans ses condoléances. «Nous sommes fiers de l'avoir eu comme compatriote et contemporain», a renchéri le Premier ministre, Vladimir Poutine. Mikhaïl Gorbatchev, fossoyeur du régime communiste, a souligné : «Nous devons être reconnaissants à Alexandre Soljenitsyne de sa contribution pour que notre pays devienne libre et démocratique.» Dans une de ses dernières interviews, Soljenitsyne dénonçait pourtant la «capitulation du pouvoir» sous Gorbatchev, sa «naïveté» et son «irresponsabilité».

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