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Interview

Après l'offensive, Moscou reste-t-il un partenaire crédible pour l'Occident ?

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Aude Merlin, Enseignante à l'Université libre de Bruxelles, spécialiste de la Russie et du Caucase. Arnaud Dubien, Rédacteur en chef de Russia Intelligence et éditeur de Foreign Policy, version russe.
publié le 13 août 2008 à 4h36
(mis à jour le 13 août 2008 à 4h36)

La Russie à l'oeuvre en Géorgie est-elle la même Russie impériale que celle qui a envahi l'Afghanistan ou la Tchétchénie ?

La même non, ce n'est jamais la même. En Afghanistan, c'était l'Union soviétique, la seconde puissance mondiale, dans une logique d'opposition des deux blocs. En Géorgie, on a plus l'impression d'une intervention éclair, qui n'a rien à voir avec la Tchétchénie en matière de durée ou d'ampleur des crimes. Dans le cas tchétchène, Moscou agissait sur le territoire de la fédération de Russie tel qu'il est reconnu par la communauté internationale. En Géorgie, on fait face à un troisième type de scénario, mis en oeuvre officiellement pour protéger des citoyens de Russie, en fait des Ossètes à qui on a donné le passeport russe. On a une Russie qui veut rappeler au président Saakachvili qu'elle souhaite maintenir une présence dans la région et freiner le tropisme occidental géorgien.

Sur ce plan, jusqu'où peut aller Moscou ?

Je pense qu'ils veulent soumettre Saakachvili. Comme il n'est pas de tempérament à l'accepter, puisqu'il vient d'annoncer que la Géorgie est prête à quitter la CEI, ils veulent soit le soumettre, soit le démettre. Ils veulent briser son image et empêcher l'adhésion de la Géorgie à l'Otan.

Cette Russie est-elle encore un partenaire fiable pour l'Occident ?

Depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, on est face à une Russie qui relève la tête et se réaffirme sur la scène internationale. Cela