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Libération
Éditorial

Potemkine

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par Bernard SERGENT
publié le 14 août 2008 à 4h36

Churchill avait traité Gandhi de «fakir à moitié nu». C'est pourtant ce  «fakir» qui mit fin à l'Empire des Indes. Le dalaï-lama ne retrouvera jamais son pays souverain face à une Chine autrement violente et puissante, mais il reste que ce leader spirituel, âgé et fragile, inquiète une superpuissance que l'on eut crue plus sûre de sa puissance.

On ne s'attardera pas sur la goujaterie et la veulerie du président du Sénat, troisième personnage de l'Etat, qui ne sait plus comment s'aplatir devant les autocrates chinois. Cet ami des promoteurs préfère les bourreaux de Tiananmen à un Prix Nobel de la paix.

Mais à force de vouloir effacer le dalaï-lama par ses mesquineries, il a donné au leader tibétain une tribune et une audience sans pareil. A croire que si l'on veut tant le faire taire, c'est qu'il dérange. Fin politique, le dalaï-lama a habilement joué de ces petites lâchetés qui donnent d'autant plus de poids à ses paroles. Depuis les arrière-salles du Sénat, il a ainsi rappelé que, contrairement aux engagements de Sarkozy sur un «dialogue» entre Pékin et les Tibétains, tout montre que la répression et la colonisation se sont accrues à Lhassa.

Ce n'est pas en étouffant les paroles dissidentes chinoises, comme l'équipe Sarkozy-Poncelet s'y emploie, que ces dissidences disparaîtront. A l'inverse de ce que pense l'Elysée, cette diplomatie Potemkine, qui gomme les vérités qui dérangent, ne sert pas la France. Elle ne rend service ni aux entreprises françaises, ni à ses athlètes, ni