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Libération
Éditorial

Mystère

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publié le 15 août 2008 à 4h37

L'image a fait tordre le nez à tout ce que la France compte comme bouffeurs de curés et sourcilleux défenseurs de la laïcité : Ingrid Betancourt enchaînant les chapelets devant la grotte de Lourdes, le 12 juillet. En ce début de troisième millénaire, était-ce bien raisonnable, cet étalage de foi mariale brute? Mais c'est peut-être cela, le vrai miracle de Lourdes. Personne ne comprend vraiment pourquoi «ça marche». Mais ça marche. Lourdes, qui fête le 150e anniversaire des visions de Bernadette Soubirous, reçoit 6 millions de visiteurs chaque année et va, en 2008, faire éclater tous les compteurs. Le pape lui-même sera là le 13 septembre (gageons qu'il rencontrera davantage de ministres que le dalaï-lama.) et les financiers du sanctuaire ont prévu un budget de 1,8 million d'euros pour ces festivités papales.

Alors, pourquoi ça marche? Pourquoi ces centaines de milliers de pèlerins - pas tous débiles, n'en déplaise aux esprits forts - qui s'entassent près d'une grotte improbable et d'une eau douteuse?

Avançons une hypothèse : beaucoup de ces gens-là se retrouvent à Lourdes en communauté et aiment ça. Pour la même raison, en plus méditatif, les chemins de Compostelle reviennent à la mode. Ce ne sont pas là des communautés virtuelles, ni des foules fanatisées, mais simplement des gens que leur ferveur rassemble et qui se pressent dans ce cadre, caricatural à force d'être symbolique, pour raffermir leur sentiment d'appartenance. Bien sûr, comme dans tous les regroupements, il y a