Menu
Libération
Éditorial

Brèche

Article réservé aux abonnés
publié le 16 août 2008 à 4h38

Sur un air de guerre froide. L'intervention de la Russie en Géorgie a réveillé des lignes de fracture oubliées depuis la fin de l'Union soviétique. La brutalité de l'opération, l'ampleur et la longueur de l'occupation d'un pays souverain, traduisent un véritable changement d'ère. L'ordre américain, unipolaire, ce que Washington voyait comme une pax americana mondiale, est battu en brèche. Poutine l'a rappelé sans ambiguïté et sans complexe. La Russie avait mal accepté l'indépendance du Kosovo, détaché sans son consentement de la Serbie, une nation protégée du Kremlin. Elle redoute toujours l'encerclement par des pays frontaliers membres de l'Otan. Après des années de dèche, le gaz et le pétrole lui ont donné les moyens de sa politique. Jusqu'à présent, l'Occident, - l'Europe si proche et si dépendante du gaz russe, mais aussi les Etats-Unis - a paru désarmé par la manière forte de Poutine. Certains veulent croire à un coup de colère sans conséquences. Tout montre au contraire que cette opération s'inscrit dans une nouvelle vision de la puissance russe. Ses voisins inquiets ne s'y sont pas trompés. Bien sûr, la Russie de Poutine n'est pas l'URSS. Son pouvoir et son armée ne se projettent qu'à ses frontières. Son système économique dépend du capitalisme mondialisé. La petite Géorgie ne doit pas pour autant être sacrifiée sur l'autel des petits arrangements géopolitiques. L'occupation de son territoire est inacceptable, tout comme la volonté des Russes de se débarrasser