Ils sont les maîtres et le font bien sentir : trois jours après le cessez-le-feu négocié mardi à Moscou et Tbilissi par Nicolas Sarkozy, les chars russes étaient toujours déployés en plein coeur de la Géorgie, autour de la ville de Gori et dans la région de Zougdidi à l'ouest. «Le but russe n'est certainement pas d'occuper la Géorgie, rassure Maria Lipman, analyste du centre Carnegie de Moscou. Mais Moscou fait avec ses chars ce que Saakachvili tente avec sa politique d'information : elle défend ses positions en prévision des négociations internationales.» Car tout reste maintenant à négocier à l'ONU : le nombre et l'emplacement des forces russes qui veulent continuer à veiller sur les provinces sud-ossète et abkhaze, le retour des réfugiés (point essentiel, omis par l'accord Medvedev-Sarkozy), et le statut futur de ces deux provinces. L'homme de Moscou dans la région, le «président» sud-ossète Edouard Kokoïty, a ainsi annoncé qu'il ne veut plus un seul Géorgien sur son territoire : les Géorgiens (près d'un tiers de la population de l'enclave avant la guerre) ont tous été chassés, et ne seront pas autorisés à revenir. Leurs villages ont été «aplatis», se félicite Kokoïty. Dans l'immédiat, les parades de chars russes en Géorgie permettent aussi d'humilier encore le président Mikhaïl Saakachvili.
Canonnades verbales. Moscou célèbre sa grande revanche sur la révolution géorgienne de 2003 et poursuit ses canonnades verbales contre le «projet virtuel» a