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Libération
Interview

«Moscou n'a pas atteint ses buts»

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L'expert russe en questions militaires Pavel Felgenhauer dresse le bilan du conflit :
publié le 19 août 2008 à 4h39

La victoire russe en Géorgie n'est pas forcément aussi éclatante qu'elle en a l'air et pourrait bien tourner en déroute diplomatique pour la Russie, analyse Pavel Felgenhauer, spécialiste des questions militaires à Moscou.

Pourquoi une telle déroute ?

Il n'y a pas eu vraiment de guerre mais seulement deux jours de combats, avant que les forces géorgiennes ne reçoivent l'ordre de se retirer. Les troupes géorgiennes n'ont d'ailleurs pas fait mauvaise figure lors de ces deux jours. Les militaires russes n'ont pas manqué de constater que les Géorgiens s'étaient bien battus et ont effectué une retraite bien organisée. Mikhaïl Saakachvili a pris la décision de sauvegarder son armée, qui sinon risquait d'être écrasée, et de la concentrer près de Tbilissi. Le président a préservé ses hommes, car c'est l'essentiel dans une armée. Il a appliqué la tactique Koutozov [le général russe qui avait laissé Napoléon s'avancer jusqu'à Moscou en 1812, avant de lui infliger une retraite humiliante, ndlr], l'armée s'est cachée en attendant les pressions occidentales sur la Russie. C'est dans la tradition géorgienne. Situés au croisement de grands empires, les Géorgiens ont appris à se cacher pour relever la tête plus tard.

Pourquoi Saakachvili a-t-il lancé une offensive qu'il ne pouvait que perdre face à l'armée russe ?

La Russie avait planifié son intervention. Saakachvili n'a fait que tenter un coup préventif. Si l'intervention russe avait été improvisée, il aurait fallu trois ou quatre jour