Comment gagner une guerre militairement ingagnable. C'est le défi auquel les soldats français sont confrontés, avec les autres forces des pays démocratiques présents en Afghanistan. Le courageux sacrifice de dix d'entre eux (et de 21 blessés), incarnation de la grandeur et de la servitude militaire, montre que cette guerre qui dure depuis le 11 Septembre peut difficilement trouver une issue sur le terrain. Portés par une impitoyable volonté de mort, les talibans ont pratiquement réussi à encercler Kaboul, à priver le gouvernement légal de contrôle sur une grande partie du territoire et à rendre la mission des forces internationales de plus en plus dangereuse. Un vieux proverbe militaire trouve là une nouvelle illustration : on peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus.
La pire des solutions serait évidemment le retrait. Légitime, à la différence de la guerre irakienne, destinée à répondre par la destruction de ses bases arrières à une attaque meurtrière au coeur du territoire américain, l'intervention en Afghanistan était une tragique nécessité.
Qui voudrait offrir, de plus, une retentissante victoire aux fanatiques les plus violents de l'islamisme ? Mais la solution, même si elle suppose une suprématie militaire, ne peut être que politique. Reconstruction d'un Etat digne de ce nom, moins corrompu et plus efficace, mais aussi, si l'on en croit les experts, négociation destinée à jouer des divisions au sein des factions rebelles qui contrôlent le sud du pays.