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Libération
Éditorial

Dix vies

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publié le 22 août 2008 à 4h41

Tragédie pour les familles, la mort de dix soldats en Afghanistan est aussi un révélateur pour la conscience française.

Le digne hommage rendu par Nicolas Sarkozy à ces soldats tués dans leur prime jeunesse a rappelé que le pays était engagé non dans une opération de maintien de la paix mais dans une vraie guerre.

Certains esprits cyniques, à force d'être lucides, rappellent qu'une guerre tue et qu'on ne doit pas s'étonner que des soldats de métier succombent au combat. Faux réalisme : il est bon, au contraire, qu'une démocratie en guerre continue de donner à la vie humaine sa plus haute valeur et qu'on n'en vienne pas à banaliser la mort des hommes, seraient-ils préparés à cette éventualité finale. Cette émotion, et le rituel national qui en découle, sont un signe de civilisation.

D'autant qu'elle impose aux responsables des obligations supplémentaires.

Eclaircir d'abord toutes les circonstances du drame, lever les doutes, reconnaître les fautes si elles ont eu lieu.

Se souvenir ensuite que ces pertes humaines traumatisantes sont aussi celles de l'adversaire, aussi agressif soit-il, et surtout celles des civils afghans, qui subissent plus qu'à leur tour les «dommages collatéraux» d'un conflit dont ils sont les impuissantes victimes. Les forces de l'OTAN se sont vite habituées à ces bavures meurtrières et répétées qui frappent la population d'un pays qu'elles sont censées protéger, affaiblissant d'autant leur cause.

Or les forces occidentales sont censées défendre les valeurs démo